Les Confidences de J.J. Rousseau
Roland Barett Scelso
Eté 1759, à Montmorency, Rousseau loge dans le petit Château de M. et Mme la Maréchale de Luxembourg. Il y retrouve la plupart de ses conquêtes d’autrefois et noue avec elles de nouvelles idylles.
Sous l’effet conjugué du vin, des torpeurs estivales et de l’extravagance de ses anciennes amies, notre moraliste découvre enfin pleinement l’ivresse des sens dans une exceptionnelle débauche d’amour et de voluptés.
Après les Confessions, les confidences...
Pastiche iconoclaste, libertin et savoureux…
Pastiche iconoclaste, libertin et savoureux…
Publié en 2012 chez Ossobuco
154 pages
CHF 15.– / € 15.–
154 pages
CHF 15.– / € 15.–
Extraits
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Sans soulever les yeux de son travail, pendant que de ses longs doigts fins cette brune toujours aussi piquante brodait son inséparable ouvrage, de son peton joli elle se mit à me faire des agaceries, d'abord en me donnant des petits coups sur l'épaule. Mme Basile avait bien perdu de cette réserve qui m'avait tant intimidé la première fois et à la façon qu'elle avait de polisser son regard qu'elle jetait en coin tout en piquant son tambour, il se voyait qu'elle était moins modeste en sentiments et ne partageait pas mon embarras. J'avais bien peu à faire pour vaincre les frêles résistances de ma vertu et répondre de toute mon âme à son inclination qu'elle avouait de tous ses gestes, mais moi j'étais resté aussi empêtré qu'avant. Voyant qu'elle ne parvenait à tirer aucune réaction de ma part, oubliant ses manières douces, elle me taquina de plus en plus fort, jusqu'à me pousser enfin d'un coup vif et appuyé qui me fit tomber en arrière.
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Sans soulever les yeux de son travail, pendant que de ses longs doigts fins cette brune toujours aussi piquante brodait son inséparable ouvrage, de son peton joli elle se mit à me faire des agaceries, d'abord en me donnant des petits coups sur l'épaule. Mme Basile avait bien perdu de cette réserve qui m'avait tant intimidé la première fois et à la façon qu'elle avait de polisser son regard qu'elle jetait en coin tout en piquant son tambour, il se voyait qu'elle était moins modeste en sentiments et ne partageait pas mon embarras. J'avais bien peu à faire pour vaincre les frêles résistances de ma vertu et répondre de toute mon âme à son inclination qu'elle avouait de tous ses gestes, mais moi j'étais resté aussi empêtré qu'avant. Voyant qu'elle ne parvenait à tirer aucune réaction de ma part, oubliant ses manières douces, elle me taquina de plus en plus fort, jusqu'à me pousser enfin d'un coup vif et appuyé qui me fit tomber en arrière.
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Le désir mis en fête entre nous deux était peu avouable et jamais depuis ces moments de notre enfance, même dans l’intimité la plus poussée, je n’avais demandé à aucune femme qu’on me fit cette faveur et aucune jamais ne se proposa de me la faire.
N’ai-je pas déjà dit que mes goûts singuliers restèrent étouffés et que, de toute ma vie, j’en sentis la cruelle privation ? Vous comprendrez alors quel bonheur me procura cette rencontre quand Mlle Goton me fit à nouveau goûter pleinement cette fantaisie dont je n’ai jamais pu me guérir. Je n’eus pas à compter jusqu’à dix qu’une première fessée bruyante et festive me cueillit, me laissant frémissant de douleur.
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Le désir mis en fête entre nous deux était peu avouable et jamais depuis ces moments de notre enfance, même dans l’intimité la plus poussée, je n’avais demandé à aucune femme qu’on me fit cette faveur et aucune jamais ne se proposa de me la faire.
N’ai-je pas déjà dit que mes goûts singuliers restèrent étouffés et que, de toute ma vie, j’en sentis la cruelle privation ? Vous comprendrez alors quel bonheur me procura cette rencontre quand Mlle Goton me fit à nouveau goûter pleinement cette fantaisie dont je n’ai jamais pu me guérir. Je n’eus pas à compter jusqu’à dix qu’une première fessée bruyante et festive me cueillit, me laissant frémissant de douleur.
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On sait que les femmes plates n’ont jamais eu mon attirance, mais ma tendresse pour cette fille était telle que je gardai infiniment ma bonne figure et je n’eus pas grand peine à surmonter ma réticence. Il faisait nuit profonde et j’étais tant en effervescence après ce qui s’était passé dans le bois que, vous pensez bien, cela me compta peu d’effort.
On sait que les femmes plates n’ont jamais eu mon attirance, mais ma tendresse pour cette fille était telle que je gardai infiniment ma bonne figure et je n’eus pas grand peine à surmonter ma réticence. Il faisait nuit profonde et j’étais tant en effervescence après ce qui s’était passé dans le bois que, vous pensez bien, cela me compta peu d’effort.
La Merceret chuchota alors à mes oreilles des paroles craintives : « Jean-Jacques, croyez-vous que l’amour peut s’accommoder de tout ? Ne restez près de moi que si vous êtes certain de m’aimer tendrement comme je vous aime, et souffrez que je ne sois pas conforme à ce que vous attendez. »
Que de précaution pour une fille qui n’était plus une enfant, que de craintes inutiles pour deux mamelles manquantes. Je lui assurai que mon amour était resté tendre et sincère tout autant que le sien que j’avais lu dans ses yeux et que rien ne pourrait rebuter sentiment si pur.
Livrés enfin au penchant de nos coeurs, j’agaçai son téton maigre pendant que nos bouches se rencontraient.
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La Padoana avait retiré ma chemise et ses belles mains aux doigts peints se mirent à parcourir ma peau frissonnante, elle me butinait de mille petits baisers affolants. Le parfum capiteux qu’elle avait à son cou finit de m’enivrer et finalement toute ma tête perdit la tramontane ; elle me vit au point attendu et me chevaucha. Mais l’abstinence prolongée dans laquelle m’avaient poussé les afflictions de mon coeur me rendait si peu maître de moi-même que cette rencontre ne me rapporta pas plus de profit, ni plus de satisfaction qu’autrefois, car la peur mêlée à une excitation dont je ne parvins à retenir le progrès me mirent en nécessité de conclure et, si j’osais un parangon explicite, comme le pistolet dont la détente est lubrifiée d’abondance, il se répéta la même scène que nous avions connue : le coup partit plus vite qu’espéré. En cet instant si fugace mais si intense, la foudre me cueillit au coeur et je connus la même décharge, aussi vive, aussi prompte que celle qui vint me terrasser pour la première fois dans la calle Pantalon.
L’ivresse me vient surtout dans les préliminaires et son délice s’éteint dès que l’étreinte culmine, car toujours terrorisé par l’excès et mû par l’empressement d’arriver, le pauvre Jean-Jacques ne sait jouir qu’à demi. La même honte qui me saisit étouffa mon plaisir ; j’avais à nouveau perdu le fruit d’avance, sans en goûter la saveur.
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La Padoana avait retiré ma chemise et ses belles mains aux doigts peints se mirent à parcourir ma peau frissonnante, elle me butinait de mille petits baisers affolants. Le parfum capiteux qu’elle avait à son cou finit de m’enivrer et finalement toute ma tête perdit la tramontane ; elle me vit au point attendu et me chevaucha. Mais l’abstinence prolongée dans laquelle m’avaient poussé les afflictions de mon coeur me rendait si peu maître de moi-même que cette rencontre ne me rapporta pas plus de profit, ni plus de satisfaction qu’autrefois, car la peur mêlée à une excitation dont je ne parvins à retenir le progrès me mirent en nécessité de conclure et, si j’osais un parangon explicite, comme le pistolet dont la détente est lubrifiée d’abondance, il se répéta la même scène que nous avions connue : le coup partit plus vite qu’espéré. En cet instant si fugace mais si intense, la foudre me cueillit au coeur et je connus la même décharge, aussi vive, aussi prompte que celle qui vint me terrasser pour la première fois dans la calle Pantalon.
L’ivresse me vient surtout dans les préliminaires et son délice s’éteint dès que l’étreinte culmine, car toujours terrorisé par l’excès et mû par l’empressement d’arriver, le pauvre Jean-Jacques ne sait jouir qu’à demi. La même honte qui me saisit étouffa mon plaisir ; j’avais à nouveau perdu le fruit d’avance, sans en goûter la saveur.
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